Un jeune cadre new yorkais obsédé par la mode et la représentation a de plus en plus de mal à cacher ses pulsions homicides...
La réalisatrice Mary Harron avait auparavant réalisé un I shot Andy Warhol (1996) très marqué par le cinéma américain dit "indépendant" de cette époque. Elle adapte ici le roman American psycho de Bret E. Ellis qui remporta un très grand succès "sulfureux" à travers le monde. La musique est composée par John Cale, ancien membre du groupe de rock Velvet Underground. Christian Bale (Velvet Goldmine (1998)...) y tient le rôle principal et William Dafoe (La dernière tentation du Christ (1988) de Martin Scorsese...) y fait quelques apparitions.
Ce conformisme forcené, cette terreur de se voir cataloguer parmi les "ringards" ne sont en fait que le reflet d'un besoin de reconnaissance, d'un désir de s'intégrer envers et contre tout. Car Patrick a une bonne raison de se sentir différent : sa communauté d'esprit avec les serial killers les plus célèbres de l'histoire américaine n'est, hélas pour lui, pas très répandue à Wall Street.
Autre travers que Mary Harron souligne vertement : la misogynie forcenée de Bateman. Sa galanterie condescendante masque une haine profonde des femmes. Elles sont le plus souvent destinées à le mettre en valeur, comme une belle voiture, lorsqu'il sort en société par exemple. Ou alors elles servent à exalter sa virilité dans des ébats qu'il admire complaisamment dans une glace ou qu'il enregistre en vidéo dans des mises en scène reflétant un imaginaire sexuel limité aux clichés du cinéma porno. Le personnage de Bateman étant extrême sur tous les points de vue, les spectateurs masculins pourront parfois être un peu dubitatif devant certaines insistances du récit qui donnent parfois dans la misandrie primaire...
Plus prosaïquement, on remarque qu'American psycho commence plutôt bien. Christian Bale est parfaitement convaincant dans le rôle de ce parfait trouduc. L'humour fonctionne bien, l'ensemble est rondement mené et soigneusement réalisé. On remarque que Mary Harron nous épargne les détails des agissements sadiques de son maniaque, contrairement au roman qui avait choqué par la crudité de sa violence.
Malheureusement, le film finit par lasser : l'humour devient vite répétitif, l'intrigue patine et, à force de disserter sur la vacuité, finit par susciter une certain indifférence. De même son trait volontairement exagéré et caricatural finit par desservir le propos en lui retirant toute crédibilité. On finit par s'interroger sur la pertinence de cette charge anti-80s. La bêtise et la superficialité des années 90 semblerait être une cible plus intéressante, car encore bien vivace. Franchement, se moquer en l'an 2000 des gens qui écoutaient Huey Lewis and the News il y a quinze ans, qui cela va-t-il déranger ? Autre problème, lorsque American psycho se met à vouloir ressembler à un film d'horreur, Mary Harron a bien du mal à suivre : mal montées, mal filmées, ces séquences donnent dans le grotesque le plus consternant, ou bien évoquent au connaisseur les poursuite mollassonnes des téléfilms que diffusent TF1 le samedi soir ("Hollywood Night", bien sûr !). Heureusement, les dernières scènes viennent compléter intelligemment le portrait de Patrick Bateman, pathétique personnage sans envergure ni personnalité.
Malgré de réelles qualités dans sa première heure et dans son interprétation, American psycho souffre de sa longueur excessive et d'une seconde moitié à la réalisation bâclée. Il reste néanmoins intéressant grâce à l'originalité de son propos.